Avertissement pour les personnes atterissant ici naturellement au cours—je l'espère—d'une lecture plus ou moins approfondie de ce qui précède sur ce site (au sens d'une lecture plus ou moins linéaire suivant la logique proposée par le site) : vous risquez d'y trouver des répétitions qui seraient inutiles ne serait-ce pour le fait que cette section est potentiellement directement accessible de l'extérieur (si toutefois le journal « Libération » a considéré que cela valait la peine de laisser ses lecteurs lire ce commentaire). Je vous invite donc à la patience, en vous promettant que vous trouverez ici des observations très intéressantes...
Introduction
Ici je commente un article paru dans Libération le 5 juin 2017. Parce que le site de Libération ne permet pas l'insertion de commmentaires de plus de 7800 caractères, je me suis retrouvé à écrire pas moins de trois versions de mon commentaire, en limitant encore plus à chaque fois le nombre de mots utilisés (ce qui correspond à une simplification croissante d'un sujet qui malgré-tout requiert plus que trois mots pour être correctement traîté) afin d'avoir un texte qui puisse être accepté par Libération. Je propose ces trois versions ci-dessous. C'est à vous de voir si vous avez la bravoure d'aller plus loin que la première version (celle que j'espère voir figurer chez Libération). Je vous promets que vous trouverez dans les deux autres versions, les plus longues, des informations intéressantes ne se trouvant pas dans les versions plus simples... . Pour les personnes ne venant pas de Libération, je présente ici une copie de l'article commenté, afin que vous sachiez de quoi il s'agit.
Version de longueur moyenne
Version longue
Version courte
« Le plaisir féminin reste secondaire ; c'est celui de l'homme qui est fondamental »
Cette phrase est probablement la seule de l'article indiquant une mesure de vérité universelle concernant la sexualité humaine, car nous savons tou(te)s plus ou moins que les femmes et leur sexualité ont été opprimées depuis 10000 ans.
Les conséquences inévitables d'un tel état de fait sont très visibles dans l'article, dont le titre « plante le décor ». En effet ; « Le sexe sert-il à jouir ou … prouver qu'on est homme ? » semble déjà si centré sur les hommes que nous risquons de perdre le fil (à quoi le sexe peut-il servir à une femme !). Et déjà ici, on est au bord du non-sens sémantique, puisque la définition de la sexualité, que je sache, ne comporte que deux aspects à la fois bien distincts et entremêlés : la procréation d'un côté, et le plaisir de l'autre, puisqu'après tout—n'en déplaise aux anthropologues—l'orgasme est une des plus hautes formes naturelles de jouissance à notre disposition.
L'illustration accompagnant l'article est également assez révélatrice, car alors que de prime abord elle est censée montrer des hommes vénérant une déesse jouissante, une observation plus appliquée révèle que ce que les homoncules vénèrent avec tant de ferveur n'est pas la « déesse ». En fait, ils ne lui portent même pas un regard, sans doute tant au figuré qu'au propre, et l'orientation tout autant de leur corps que de leurs gestes de piété montre que c'est en fait le flot de sperme coulant d'un Mont Fuji—je suppose, vue l'inspiration nippone de l'illustration—qu'ils vénèrent, lequel Mont Fuji doit par conséquent être un phallus, lequel phallus, de par la disposition sans équivoque de l'image, doit appartenir à la « déesse », dont—si ce qui précède n'était pas suffisant—les dernières traces de féminité ont été pudiquement effacées par deux éclaboussures de sperme lui cachant les tétons de façon très commode !
Quant au texte de l'article, un survol rapide montre l'utilisation d'une quantité étonnante de mots ou expressions plutôt négatives, pas moins de 28 (« le simuler », « s'en détourner », « provocations », « dégoût », « combat conjugal », « oppose », « arsenal », « achever de tuer », « écrase-testicule », etc), et cela pour traiter du sujet de la jouissance sexuelle, dont l'obtention en français s'appelle pourtant « faire l'amour » et pas « faire la guerre » !
On nous présente alors les exemplaires mâles Matis qui ont atteint un « self-control » exceptionel de leur corps au point que deux hommes peuvent s'afficher en public et se toucher de façon sexuelle sans que ni l'un ni l'autre ne bande ! On nous dit en plus un peu plus loin que ce genre de jeux sert peut-être également à « déjouer les pièges de l'affinité entre hommes ». De qui se fout-on ici ! Ou bien il s'agit d'entraîner les hommes à résister à la montée de leur excitation sexuelle—traduite par une bandaison—et alors il semble que l'épreuve serait plus convaincante si c'était une femme qui provoquait les bons Matis mâles en leur pétrissant le pénis. Par contre, si cela requiert un autre homme, c'est alors clairement que l'homme soumis à l'épreuve a plus d'attirance pour un homme que pour une femme, ce qui nous ramène à la case départ de la fameuse « affinité entre hommes », qui en plus, de cette façon se trouve institutionn alisée, bien joué.
Que dire enfin du sens du « self-control » d'un peuple dont les hommes (je suppose) ont « besoin » d'abuser de paresseux qu'ils ont apprivoisés pour s'en servir « comme partenaires » !
Puis nous passons aux femmes sénégalaises, qui me semblent malgré tout, de toutes les personnes passées sous la loupe des anthropologues dans cet article, être en définitive les plus saines !
En effet, une étude de vocabulaire menée sur la section de l'article consacré à ces femmes montre une densité assez forte—contre quasi-nulle dans le reste de l'article—de mots ou expressions bien plus apparentées au concept de jouissance : « défonce-moi », « fais-moi rebondir », « baise-moi », « pénètre-moi », « fais-moi jouir » !
Malgré cela—un cri des femmes, lesquelles semblent être bien plus conscientes de ce que la sexualité peut apporter—est-ce le sens du « madame connait »?—l'article continue de se concentrer sur les aspects négatifs de la sexualité, lesquels aspects négatifs peuvent plus ou moins tous se ramener à ce qui est mentionné en ouverture de la présente, nommément que la sexualité actuelle est totalement obnubilée par la jouissance des hommes, et que les femmes sont encore réduites à un rôle subalterne et dégradant. Viendrait-il à l'idée des anthropologues de relever (tout comme ils ont manqué de le faire concernant la bestialité des Matis vis-à-vis des paresseux) le fait que quand ils mentionnent « l'argent du mari, offert en cadeau le lendemain soir », c'est une façon pudique de confirmer que les femmes en questions sont au pire des esclaves de leurs maris, et au mieux, des prostituées !
Soit dit en passant, toute personne ayant une relation saine ou épanouie vis-à-vis de la sexualité rirait—jaune tant c'est triste—de voir l'acharnement avec lequel des personnes qui ne semblent pas avoir une telle relation s'acharne à dénier une expérience aussi fondamentale que l'orgasme.
Maintenant que tout ceci a été décrit, je voudrais proposer l'introduction d'un mot nouveau qui permettra de remettre les choses à leur place et de répondre à toutes les questions soulevées par cet article ainsi qu'aux conclusions ubuesques qu'il propose.
Le nouveau mot est « éjaculocratie », qui est en fait le régime sous lequel nous vivons depuis 10000.
En effet, la dépendance (au sens du mot anglais « addiction ») des hommes vis-à-vis de leurs éjaculations est le problème central de la sexualité humaine (entre-autres, le viol n'en est en définitive qu'un effet secondaire).
Il y a des siècles que cette connaissance est disponible (par ce que nous a légué entre-autres le Taoisme) : l'éjaculation, loin d'être le meilleur ami de l'homme, est en fait sa pire ennemie, ainsi que de la femme.
Un homme qui a appris un autre niveau de self-control que le self-control enfantin des Matis—c'est-à-dire le contrôle de ses éjaculations—peut découvrir un monde de jouissance dont il n'avait pas idée !
Cet apprentissage ne requiert aucune capacité spéciale autre que la motivation d'avoir une sexualité plus riche pour soi et pour sa partenaire—car un homme qui apprend à jouir sans éjaculations est en mesure de faire l'amour pour des durées bien plus longues, ce qui donne le temps à sa partenaire de pouvoir jouir bien plus.
La plupart des hommes de notre culture et de par le monde crieront au fou en lisant ceci, comme je l'aurais fait il y a une quinzaine d'année. Le fait est, cependant, qu'à l'approche des 62 ans, je fais l'amour en moyenne deux à trois fois par jour—sans bazooka—avec tant d'orgasmes que je ne les compte plus, et mes partenaires en ont encore plus que moi (le corps féminin est bien plus équipé pour la jouissance que le corps masculin, il faut nous en faire une raison!)
J'ai réalisé au cours de l'écriture de ce commentaire que puisque la « sexualité durable », comme je l'appelle, est si peu connue dans notre culture, la plupart des gens—et entre-autres les anthropologues—n'ont sans doute aucune idée de ce à quoi elle ressemble (le sexe médiatisé est le plus souvent d'un ridicule attristant).
Je propose donc aux anthropologues qui voudraient vraiment apprendre quelque chose sur les possibilités de la sexualité humain de nous rendre visite !
Ce commentaire est une version abrégée (votre site ne permet pas de longs textes) d'une version bien plus approfondie que je propose sur www.salsaogsubstans.dk/sexualitedurable/index_fr.html?Le_sexe_vu_par_les_anthropologues_de_pointe, un site très fourni consacré à la sexualité durable.
Ce commentaire est une version abrégée (votre site ne permet pas de longs textes) d'une version bien plus approfondie que je propose sur www.salsaogsubstans.dk/sexualitedurable, un site très fourni consacré à la sexualité durable.
Version courte
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Version de longueur moyenne
S'il faut commencer par quelque chose de positif, il y a une (plus ou moins seule) phrase dans l'article en question dont la véracité crie très fort, et elle le fait de surcroît en des mots simples et clairs : « Le plaisir féminin reste secondaire ; c'est celui de l'homme qui est fondamental ». Nous reviendrons dessus le moment venu, car cette phrase, en toile de fond, résume tout.
Puis il y a une autre phrase également empreinte de vérité sereine, bien que pour celle-ci, il nous faudra plus tard remplacer le mot orgasme par un autre mot : « … conduit à se demander si la centralité de l'orgasme dans notre conception de la sexualité n'entraîne pas une forme de myopie analytique. ».
Ce remplacement donnera à la phrase en question un certain ton ironique concernant qui l'a éructée de par la façon dont le remplacement placera l'endroit où la « myopie analytique » se trouve bien autre part...
Survolons d'abord l'article, de titre à conclusion, en constatant de prime abord qu'un article dévoué à l'orgasme—qui je le crois encore est quelque chose d'agréable et souhaitable—contient une ribambelle de mots ou expressions plutôt négatifs, tels que—versés dans l'ordre chronologique : « le simuler », « s'en détourner », « un cri de douleur », « provocations », « inspire plus de dégoût que d'excitation », « nous ne sommes pas des animaux », « combat conjugal », « oppose », « mettent en demeure de bander », « arsenal », « achever de tuer », « fermer les yeux du défunt », « écrase-testicule », « le ton comminatoire », « ultimatum », « prouve que », « arsenal » (encore une fois!), « course aux armements », « fait rage », « sommés d'avoir la trique », « bazooka », « grand combat », « susciter bien des angoisses », « branle-bas » (en général suivit de « de combat »...), « extraire un orgasme aux hommes », « une forme de maîtrise », « des rapports de force », « le défi ».
Hormis la négativité flagrante à caractère plutôt guerrier (n'oublions pas qu'en français l'activité sexuelle s'appelle « faire l'amour », et pas « faire la guerre »...) présentée de façon éloquente dans le paragraphe précédent, il transpire globalement de l'article qu'il est centré—au sens de la phrase citée en ouverture de ce commentaire—sur la jouissance des hommes, et que par conséquent celle des femmes est plus ou moins ignorée.
Prenons maintenant un autre survol, à plus basse altitude...
Le titre « plante le décor » de façon limpide : déjà là, le sexe n'est mentionné que dans une perspective masculine. Il aurait peut-être, éventuellement, été interessant, par exemple, de se demander à quoi le sexe peut servir aux femmes !
L'illustration accompagnant l'article ne faillit pas à sa réputation d'en dire plus que mille mots. En effet, malgré son titre trompeur, « la déesse », elle est plutôt une ode aux fantasmes masculins les plus absurdes.
Je ne crois pas avoir été le seul dont les yeux ont été attirés en premier par ce leurre de Mont Fuji (je suppose, de par l'inspiration japonaise évidente) qui en fait s'avère—suite à une examination plus détaillée—n'être qu'une couverture pudiquement cachant un phallus en pleine éjaculation, et ce qui coule vers les homoncules en vénération n'est autre qu'un flot de sperme !
Et de par la composition de l'image, il n'y pas de doute que ce phallus « appartient » à la femme, qui clairement est en train de faire l'expérience d'un orgasme. Tiens, tiens, une femme avec un pénis. Si tout cela n'était pas suffisamment clair, tout ce qui restait de féminité sur l'image est également pudiquement caché par deux éclaboussures de sperme qui tombe de façon très pratique sur les tétons.
Enfin, pour achever le tout, il est clair que ce n'est pas la « déesse » « bisexuée » que les homoncules révèrent avec tant de ferveur. D'une part ils n'ont pas un regard—au figuré comme au sens propre—pour elle ; et d'autre part, il est clair—de par la direction de leurs gestes de dévotion—que cette dernière s'adresse au grandiloquent flot de sperme qui s'écoule devant eux !
Le texte est composé de cinq sections :
1. L'introduction—avec son en-tête « attire-attention-des-lecteurs »—nous présente comme une « découverte » l'observation du fait qu'une femme qui jouit peut émettre des sons de nature à faire se demander à l'auditoire éventuel si elle n'est pas aux prises avec une douleur assez grande ! « Découverte » ! Désolé, en ce qui me concerne, cela tient plutôt de l'enfoncement de portes ouvertes : ce fait est bien connu depuis des lustres (il m'a fallu parfois utiliser une boule quies dans l'oreille gauche quand Jane et moi faisions l'amour...)
Même l'interlude linguistique qui suit ne peut compenser pour ces « trops maigres éléments ». Si encore avait été présent sur la liste ce que certaines danoises disent au moment ultime, cela nous aurait dit quelque chose d'intéressant—et je vous épargne mes connaissances de la langue danoise en vous livrant directement la traduction : « Non, c'est si bon ! »...
Puis vient une inexactitude anatomique surprenante et cependant pas moins révélatrice : ce n'est que le corps féminin qui a dix trous—à moins que vous ne considériez comme dixième trou du corps masculin le petit trou à l'arrière de la tête et par lequel la cervelle s'est écoulée ! Sérieusement, est-ce un hasard que l'on choisisse—lors de la description du corps humain—se se concentrer sur le nombre de trous (certes, certains hommes considèrent une femme comme guère plus qu'une collection de trous où fourrer leur phallus) ?
2. Les Matis débandés (en effet, en 2013, il n'en restait que 390) et leur pratique de non-bandaison dont l'article nous vante les qualités hautement morales (d'un peuple qui d'autre part « parle explicitement » de son utilisation d'animaux à des fins sexuelles, ce qui est généralement considéré comme un abus intolérable, puisque le consentement—condition préalable à toute activité sexuelle—d'un animal est plutôt difficile à obtenir ; et même là il y a une grande différence entre obtenir qu'un paresseux vous lèche—avec l'utilisation de miel—et pénétrer le pauvre animal—et je suppose que ce ne sont pas les femmes Matis qui utilisent les paresseux, corrigez-moi si je me trompe), avec l'appui de pas moins de deux autres anthropologues (ainsi que la journaliste écrivant l'article, aussi anthropologue, puisque qui ne dit mot consent), nous sont présentés comme étant des maîtres du « self-control » parce que des hommes, « tendrement enlacés en public, dans un hamac, ou vautrés dans le sable » peuvent apparemment se tripoter le zizi sans pour autant bander.
Et en plus, comme on nous l'épelle dans la section suivante, ces « jeux » pourraient également avoir pour but de « déjouer les pièges de l'affinité entre hommes » !! De qui se fout-on ici. Il me semble qu'une explication plus probable est que cette promiscuité entre hommes est en fait une légitimation d'une forme d'affinité entre hommes, car en plus, si vous voulez vraiment tester la capacité (douteuse pour commencer, nous y reviendrons) d'un homme à résister à la tentation de la bandaison, il semblerait bien plus naturel qu'une femme soit celle qui le provoque, car si cela requiert un homme pour vraiment en mettre un autre au défi sur un niveau sexuel, nous tournons en rond et nous en sommes alors irrévocablement de retour à la case « affinité entre hommes » !
3. Cette partie—qui termine le narratif ubuesque concernant les hommes forts Matis résistant à la tentation de bander sous les attouchements attendrissants de leurs petits copains—nous transporte alors à Dakar et se consacre, ainsi que la plus grande partie du reste de l'article—au « combat » que les femmes sénégalaises mènent contre leurs hommes (au cas où vous vous demanderiez la raison pour laquelle j'ai cité le chiffre de la population Matis, il y a environ 8 millions de sénégalaises).
4. Cette section (qui est au demeurant presque exclusivement descriptive), et la dernière la suit de près, a la plus grande densité d'utilisation de mots à caractère guerrier, et nous décrit la sexualité comme un champ de bataille assez triste.
5. Ici, la description de la guerre des pauvres femmes sénégalaises continue.
C'est cependant ici que la phrase magique apparaît, la phrase qui va nous permettre de remettre les choses en place.
Parce que les femmes et leur sexualité ont été opprimées par les hommes pendant 10000 ans, le monde actuel est devenu aveugle vis-à-vis de cet état de fait, et même les anthropologues, qui pourtant pourraient—devraient—être les personnes nous permettant d'en prendre conscience, sont elles()-mêmes (la parenthèse vide indique une façon de combattre la façon dont la langue française donne toujours la priorité au masculin, même dans les tentatives d'y remédier ; en effet, si j'avais écrit « sont eux(elles)-même » la prépondérance du masculin serait conservée de toute façon ; la parenthèse vide indique que la formulation masculine est également une option) aveuglées() au point de finir par nous proposer des conclusions telles que : « .. il serait inadéquat de penser la sexualité humaine comme un moyen d' obtenir de l'orgasme. »
Bien pire que d'être risible pour celles et ceux d'entre-nous qui ont une relation saine et ou harmonieuse avec la sexualité, cette phrase est en fait une absurdité sémantique !
En effet, si nous ne considérons que la définition wikipédia de l'orgasme (comme étant la réponse physiologique qui a lieu au maximum de la phase d’excitation sexuelle), il est clair que l'orgasme est défini, donc n'est concevable QUE dans le contexte de la « sexualité » (humaine est peu important ici). Par conséquent, il incomberait à l'auteur de cette absurdité de nous indiquer ce qui serait un moyen d'obtenir « de l'orgasme » !
Oh oui, j'ai mis des guillemets autour de « de l'orgasme », car en effet, alors que les coquilles trouvées dans l'article (« aucun deux ne bande » au lieu de « aucun des deux ne bande » ou de « aucun d'eux ne bande » ; ou « capacités de résistances » au lieu de « capacités de resistance » ; ou « tient presque l'ultimatum » au lieu de « tient presque de l'ultimatum » sont bénignes et sans importance—et je sais bien que vous allez trouver une pléthore de fautes dans mon français érodé par plus de 50 ans passés à l'étranger) la faute dont il s'agit ici a une autre teneur.
Comme le professeur de Français de Jane le lui expliquerait, si vous remplacez « orgasme » par respectivement « eau » ou « olive » dans la phrase en question, il est clair qu'il en résulte que le concept d'orgasme y est traité comme s'il s'agissait d'une quantité qui peut être divisée—comme l'eau l'est : « donnez-moi de l'eau », alors que dans le language courant, personne ne dirait « donnez-moi de l'olive », plutôt « donne-moi une (des) olive(s) ».
Or, « orgasme » est comme olive—on peut en avoir un ou plusieurs—pas comme eau, dont on peut avoir « de ».
Ceci montre, à moins que cette erreur n'ait été le fruit d'un hasard fortement fortuit, que la personne la commettant n'est pas trop claire concernant le concept d'orgasme, et surtout, que le concept d'orgasme n'a pas l'air d'être envisagé par l'article autre qu'au singulier.
Ce qui est un autre fait intéressant, car en effet, ce n'est pas non-plus un hasard, ce n'est que le résultat d'une sexualité centrée sur la jouissance de l'homme, qui, malheureusement—du moins tant qu'il n'a pas lu plus avant ici—est généralement condamné à n'avoir qu'un orgasme à la fois, accompagné d'une éjaculation, après lequel il doit se reposer.
La femme, par contre, ne connait pas ce genre de limitation physiologique intrinsèque, parce que son (ses) orgasme(s) ne coûte(nt) quasiment rien du point de vue énergétique et elle peut par conséquent en avoir, des orgasmes, les uns à la suite des autres jusqu'à ce que fatigue s'en suive !
Il est temps d'introduire un nouveau mot qui va nous aider à soudain comprendre bien des choses dans cet imbroglio déroutant qui mène des anthropologues à considérer la jouissance comme quelque chose dont nous pourrions avoir des quelconques raisons de vouloir nous détourner. Imaginez d'essayer d'expliquer à une personne allongée au soleil—bien-sûr avec la bonne dose d'ambre solaire...—qu'elle pourrait avoir de bonnes raisons de se priver de la jouissance que cela peut lui apporter ! Cela paraîtrait totalement ridicule. C'est après-tout la nature des être vivants de vouloir se sentir bien (si pour d'autre raison parce que c'est un bon plan pour la nature pour que les êtres en question se multiplient).
Le nouveau mot est « éjaculocratie », et je propose, comme mentionné ci-dessus, que la compréhension de ce qu'il signifie peut apporter beaucoup d'éclaircissements ainsi que de remettre en place pas mal d'absurdités sémantiques concernant ce à quoi la sexualité peut servir !
En effet, oublions la phallocratie, c'est sous la coupe de l'éjaculocratie que nous vivons depuis 10000 ans !
L'éjaculocratie est la dépendance (au sens du mot anglais « addiction ») des hommes vis-à-vis de leurs éjaculations, ni plus ni moins.
Maintenant, surtout si vous êtes un lecteur (les lectrices étant en mesure de sentir ce qui se passent dans leur corps auront moins de mal à dire voyons-voir plus avant au lieu de me lyncher sur place), vous allez crier au fou. En effet, que serait un homme sans les éjaculations ? C'est là toute la question, et malgré les hauts-cris, la réponse fournie par les hommes qui se sont penché sur la question est sans équivoque : cette homme vit une sexualité bien plus riche et bien plus abondante, il n'y a pas photo !
Je me dois de me prendre comme exemple (vous pourrez voir dans la section longue ci-dessous que je considère qu'une personne se doit de soutenir ce qu'elle dit par sa propre expérience, sinon nous nous retrouvons entre-autres avec des anthropologues qui n'ont qu'un vague sens de ce que la sexualité pourrait être si elle était élevée au-dessus de la médiocrité actuelle) : je vais bientôt avoir 62 ans et ma sexualité est bien plus épanouie qu'il y a 15 ans, c'est-à-dire quand j'étais encore un homme—éjaculateur précoce de surcroît—qui vivant encore sous le joug des éjaculations (plus de détails là-dessus autre-part sur ce site...).
Un autre détail intéressant qui montre à quel point l'éjaculocratie est un problème : elle est en fait la cause primordiale et unique du viol ! En effet, dans une société où les hommes comprendraient que les éjaculations ne sont pas l'alpha et l'oméga de la jouissance sexuelle (et par conséquent se concentreraient plus sur le fait de donner de la jouissance à leurs femmes), la notion de viol serait complètement absurde !
Une dernière note, en fait une réalisation que j'ai eue durant l'écriture de ce commentaire : il semblerait que peu de personnes—y-compris malheureusement les anthropologues—aient une idée de ce à quoi la sexualité durable ressemble. Comment le pourraient-elles, quand tout ce qui est montré, des médias grand-public aux films érotico-pornographiques, est basé sur l'éjaculocratie !
J'invite donc des anthropologues qui l'oseraient à nous rendre visite. Nous ne sommes certainement pas aussi médiatisables que les Matis. Par contre, nous pouvons montrer une sexualité durable et portante, sans avoir besoin de sodomiser des paresseux, soit dit en passant !
P.S. Oh oui, je vous avais promis de montrer la façon dont nous pourrions remplacer le mot « orgasme » par un autre mot dans la phrase suivante : « … conduit à se demander si la centralité de l'orgasme dans notre conception de la sexualité n'entraîne pas une forme de myopie analytique. ».
Le mot est bien-sûr « éjaculocratie » !
Car en effet, il s'agit bien d'une forme de myopie, qui loin d'être analytique—c'est-à-dire intellectuelle—a à voir avec bien autre chose que d'essayer de déplacer le rôle central de l'orgasme dans la sexualité, c'est-à-dire de devenir conscients du fait que l'éjaculocratie, en d'autres mots l'abus d'utilisation des éjaculations, est la cause de la dysfunction de notre sexualité, ce qui se trouver bien en amont de ce que les anthropologues ont pu concocter de théories fumeuses concernant l'utilité de cette dernière ! Allez demander aux femmes sénégalaises reléguées au rôle de putes par « l'argent de leurs maris » ce qu'elles en pensent...
Version courte
Version de longueur moyenne
Version longue
Plus que de par le passé, la lecture
de « Le sexe sert-il à
jouir ou… prouver qu'on
est homme ? », un article
paru dans le journal
« Libération »
le 5 juin 2017 m'a montré à
quel point certains concepts—que
j'appellerais plutôt des idées
reçues issues de la culture
dominante, plus là-dessus plus
tard—sur lesquels nous nous basons
sans les remettre en question dans nos
interactions avec le
monde—entre-autres nos relations avec
le sexe opposé—sont
inadéquats.
Un de ces concepts est
l'« obligation »
quasi-sacerdotale qu'aurait un journaliste
d'être seulement quelqu'un qui rassemble
des « faits » et les
transmets à ses—dans le cas
présent—lectrices et lecteurs sans
laisser qui ils—elles dans le cas
présent—sont dans leur vie
privée !
Cette remarque s'applique de la même façon—et c'est sans-doute encore plus grave vu que leur opinion est prise bien plus au sérieux que celle des journalistes—aux soit-disant « chercheurs scientifiques », et encore plus dans le domaine des « sciences humaines » telles que l'anthropologie dans le cas présent.
En effet, il apparaît clairement à la lecture de « Le sexe sert-il.. » qu'anthropologue et journaliste basent, ses « observations » pour l'un et ses commentaires pour l'autre, sur une conception erronée de la sexualité qui n'est que le fruit persistant de 10000 ans d'oppression de la sexualité féminine par une culture centrée sur l'homme et ses besoins (c'est en passant sans-doute une des seules « vérité » concrètes que l'article rapporte par l'intermédiaire de la bouche d'un anthropologue, Ismaël Moya, quand il déclare que « Le plaisir féminin reste secondaire ; c’est celui de l’homme qui est fondamental. »
Cette perle—autrement malheureusement perdue dans une logorrhée pseudo-scientifique cachant une ignorance évidente des raisons qui nous ont amenées à la triste situation présente concernant la sexualité—est pourtant toute la clé de la question posée en prémisse de l'article, à savoir à quoi sert le sexe !
Je suis persuadé que vous vous demandez déjà de quoi je parle, surtout si vous venez directement à cette partie de ce site de l'extérieur, donc sans avoir lu la description que j'y donne de la sexualité vue avec d'autres yeux que ceux de la culture « phallocentrique » dominante.
Prenons deux trois pas de recul et considérons une image...
Imaginez un pays où l'on a perdu (et il est au-delà du but de cette image d'expliquer comment cela a pu arriver) le savoir disant que l'on doit changer l'huile du moteur d'une voiture régulièrement. Dans ce pays, il est devenu nécessaire d'accepter le fait que les moteurs des voitures ne durent pas trop longtemps avant de brûler ! Si dans ce pays une personne—et par une personne je ne veux surtout pas dire un scientifique bardé de diplômes, plutôt une quelconque personne qui a eu la chance de lire dans un vieux livre tout poussiéreux écrit plusieurs siècles auparavant que c'est en fait une bonne chose de changer l'huile d'un moteur régulièrement, et, l'ayant essayé avec sa propre voiture, a vu que cela marchait comme indiqué—levait le doigt et disait : « Hé, vous savez, si vous changiez parfois l'huile du moteur de votre voiture, elle durerait bien plus longtemps que vous ne le croyez possible ! »
Cette personne se ferait sans-doute huer et ridiculiser par la culture dominante et ce qu'elle pourrait dire serait ignoré, en partie précisément parce que pour être entendu dans la culture dominante, il faut en faire partie pour commencer, c'est-à-dire avoir suivi ses préceptes, ce qui le plus souvent signifie avoir courbé l'échine depuis suffisamment tôt dans sa vie pour avoir été en mesure de devenir un bon petit citoyen bien adapté.
Cette image sera utilisée plus tard, gardez-la en mémoire...
J'ai été encore plus choqué de voir que cet article a été écrit par une femme, tant il pue le phallocentrisme !
Dès le départ, dès le titre, le ton est marqué clairement, centrant la discussion de la sexualité sur l'homme ! Il aurait été intéressant de voir d'autres prémisses explorant, dès le titre, à quoi le sexe sert … aux femmes. C'est une confirmation éloquente de la première moitié de la citation d'Ismaël Moya ci-dessus, perpétrée par une femme ! Si cela peut aider à quelque chose, c'est un homme qui écrit ici...
Comme vous pouvez déjà vous en douter, j'ai beaucoup à écrire concernant cet article, et je vais essayer de le traiter dans l'ordre dans lequel il a été écrit.
Donc, après le titre vint l'illustration.
Le titre de cette dernière pourrait nous tromper pour un instant : « La Déesse »...
Cependant, la réalité de l'illustration est une sobre désillusion. En effet, ce qu'elle nous présente est un groupe (de petits) hommes apparemment vénérant une femme (présentée à une échelle bien plus grande, sans-doute pour renforcer la notion de « déesse »...) apparemment perdue en pleine jouissance.
Regardons l'image plus en détails :
La première fois que j'ai vu l'image, en fait, je n'étais même pas sûr que la représentation—je suppose—du Mont Fuji n'était pas en fait une couverture qui cachait pudiquement un phallus en érection, et de surcroît en pleine éjaculation.
Car je ne crois pas que nous pouvons être dupes ici, ce que le Fuji crache à volonté, est-ce-que cela peut être autre que du sperme ! Lequel sperme cache de façon pudiquement pratique les tétons de la dite déesse, soit dit en passant.
Et tandis que la femme—apparemment—jouit de façon désincarnée, je veux dire sans aucun contact physique réel avec qui que ce soit, ce n'est clairement pas elle que les homoncules révèrent avec tant de ferveur, non, c'est le flot grotesque de sperme qui coule du Fuji. Ces homoncules n'ont aucun regard—sans doute tout autant au sens figuré qu'au sens propre—pour leur par le titre supposée « déesse » : ils semblent en fait bien plus fascinés par le déversement de sperme.
Lequel déversement correspond sans-doute de façon très compréhensible à un des fantasmes les plus forts d'un homme, qui peut bien se représente dans sa tête la quantité de jouissance que pourrait lui apporter l'épanchement de tant de sperme, quand il sait combien déjà il peut jouir des quelques millimètres cubes que la sévère nature lui impose au cours de chaque éjaculation !
Cette illustration, vue de cette façon, n'est donc guère plus que le renforcement d'un mythe phallocentrique, avec au centre une fascination pour les épanchements de sperme (je reviendrai là-dessus plus loin...), ce qui est assez triste considérant que le journaliste qui l'a choisie est en fait une journaliste...
Consacrons-nous maintenant au texte.
Dès le deuxième paragraphe, j'ai senti que cela tournait déjà mal, car si vous considérez la liste qu'Agnès Giard (par la suite mentionnée avec AG) nous rapporte en une tentative de synoptique du numéro de la revue d'anthropologie « Terrain » paru en mai et intitulé « Jouir ? », cette liste semble assez sombre pour le moins dire, surtout considérant que le sujet en est la jouissance :
Le seul élément neutre (c'est toujours mieux que négatif!) est « décline à l'interrogative », et la suite de la liste, c'est la descente : « de le penser [c'est de l'orgasme qu'il est question, ne l'oublions-pas] », comme si le plus important concernant un orgasme était de « le penser » ! ; « le simuler », assez négatif, généralement du domaine des femmes—attention, pas de toutes les femmes, seulement des femmes prisent dans une sexualité qui n'est pas satisfaisante ; « le susciter », sans-doute un peu moins négatif que le reste, cependant encore une intellectualisation ; puis le pompom : « de s'en détourner », le reste de l'article n'a pas éclairé pour l'audience ce qui pourrait pousser qui que ce soit—hormis les zélotes fanatiques de religions castratrices—à délibérément choisir de « se détourner » d'un des plus beaux cadeaux que la nature nous ait offerts, nommément la jouissance sexuelle et son point culminant le plus courant, l'orgasme !
Oui, définitivement, comme AG le souligne, le (triste) décor est planté.
AG nous y rapporte une « découverte » (sic) (enfin, disons un enfoncement de portes ouvertes, suite de cette parenthèse dans la prochaine...) faite par l'anthropologue Philippe Erikson, PE de par la suite, concernant le fait que la jouissance ultime—entre-autre pour cause d'orgasme—peut être la cause d'émission de sons—qui bien-sûr doivent recevoir des étiquettes savantes—évoquant la douleur (m'enfin, je croyais que l'on savait ceci depuis des siècles, ce qui explique entre-autres que des enfants qui ne comprennent pas encore de quoi il s'agit peuvent méprendre les ébats amoureux des adultes pour des actes de violence intolérables pour leurs petites oreilles et leurs petits yeux !)
AG s'empresse d'essayer de combler le vide laissé par ces « trop maigres éléments » en concluant ... qu'il n'y a rien à déduire d'une telle « découverte », et enchaîne sur diverses façon dont les gens s'expriment au moment ultime dans différentes cultures, donc en des langues différentes, ce qui, d'un point de vue anthropologique, me semble tout aussi maigre, et sert au mieux à étaler une culture polyglotte, je suppose (ici je peux ajouter un brin concernant une des façons de « dire l'orgasme » qui n'a pas été mentionnée, bien qu'à mon sens, elle puisse apporter une information intéressante sur la culture en question : en effet, au Danemark, les femmes crient souvent, au moment ultime ou à sa proximité—je vous épargne le texte original, oui, je parle danois et je n'ai pas besoin de l'afficher : « Oh non, c'est bon ! ». C'est moi qui souligne le non, qui est une indication que même dans la sexualité, les danoises—je ne sais pas concernant les danois, je n'ai pas essayé—ont une tendance à être négatives—et soit dit en passant, la négativité par le non est très répandue dans la culture danoise, malgré leur réputation bien plus brillante à l'étranger...)
Je dois placer ici une remarque qui aurait peut-être dû figurer bien plus tôt :
C'est difficile de commenter un commentaire, puisque l'article que je commente est lui-même un compte-rendu d'un ouvrage dont certaines diraient peut-être que je devrais le lire avant de commenter quoi que ce soit. Malheureusement, après ce que j'ai lu dans Libération, je n'ai ressenti aucune motivation pour lire les 228 pages du recueil, même considérant que la sexualité est un des sujets qui m'intéresse le plus. J'en reste avec la conclusion que de deux choses l'une :
Ou bien l'article de AG est un compte-rendu suffisamment correct du recueil, et je m'en tiens à choisir de m'en épargner la lecture ;
Ou bien l'article de AG en est une interprétation lacunaire et partiale et je risque de rater quelque chose (je ne crois pas trop à cette option)
J'ai placé cette remarque ici, en fait, car j'ai vu que j'en avais besoin pour ce qui suit :
En effet, il est difficile parfois de savoir si ce que la journaliste écrit est de sa propre plume ou une répétition de ce qui était écrit dans le texte originel.
Il s'agit de la description du corps humain en termes préveriens (comme le ferait Prévert), et ensuite des conclusions qui en sont tirées.
D'abord—et il n'est sans-doute pas important de savoir à qui incombe la faute (et où est la rigueur scientifique, soit dit en passant !), ce n'est que le corps féminin qui a dix trous, le corps masculin n'en a que neuf—à moins que ne soit compté comme dixième le petit trou se trouvant à l'arrière du crâne des hommes et au-travers duquel leur cerveau semble s'être vidé...
Ensuite, et bien plus grave, est-ce encore par hasard que ce choix de terminologie semble être centré sur les hommes : je suppose que c'est surtout l'apanage des hommes de penser au corps (féminin, puisque c'est le seul à avoir dix trous) en termes de trous (dans lesquels ils peuvent éventuellement essayer de fourrer leur pénis).
Finalement, et bien pire encore, il en est tiré la conclusion—heureusement modulée dans la phrase suivante—qu'il serait « inadéquat, voire impertinent, de penser que la jouissance soit construite de la même manière. »
Il me semble que la thèse opposée est tout aussi valable, et sans doute plus logique à priori, sans être ni inadéquate ni impertinente, celle qui dit que parce que nos corps (des femmes d'un côté et des hommes de l'autre) sont construits sur le même modèle, il y a de grandes chances qu'ils fonctionnent de façon similaire, et que ce n'est en fait qu'en aval que des différences peuvent intervenir sous la forme de circonstances externes (de nature sociale, politique, géographique, éducative etc.) qui influent sur la façon dont chaque individu exprime et vit sa sexualité.
Pour utiliser une autre analogie impliquant des voitures, une voiture est principalement faite des éléments suivants : quatre roues, un moteur, un habitacle avec de deux à cinq portes, un moteur, une multitude de trous sans-doute très excitants, etc.
Et puis il y a de différentes marques de voitures, différentes façons de les construire ; que ce soit une Trabant ou une Maserati ou une Porsche ; que ce soit une voiture destinée à se promener le dimanche en famille, ou à aider à sauver des vies quand elle a l'honneur de s'appeller une ambulance, ou enfin à les accompagner vers leur dernière demeure quand elle a le malheur d'être corbillard, etc.
Il me semble donc qu'il serait peut-être bon de questionner les « inadéquats » et les « impertinents » prononcés de façon il me semble assez péremptoire...
La section d'introduction se termine en parlant de « nuances », et il semble déjà là que ce sont surtout les nuances négatives qui sont prises en considération, ce que la suite malheureusement confirmera, puisque pas un mot n'y sera écrit concernant la possibilité d'une sexualité épanouie...
Nous rentrons (j'aurais pu adapter mon style d'écriture au sujet en écrivant « pénétrons » au lieu de « rentrons »!) dans le vif du sujet par le biais de la paire de concepts self-control/érection nommée en tête de paragraphe et qui clairement indique que le but du self-control devrait avoir pour cible—comme cela nous est décrit in extenso que c'est le cas chez les indiens Matis, et confirmé par une ribambelle d'« experts » reconnus tels que Lévi-Strauss et Pierre Clastres—l'érection.
Ceci est un exemple typique de ce que j'ai remarqué tout au long de cet article, et qui semble être un mal très répandu dans notre culture, et sans-doute dans toute culture dominante : lorsque des « connaissances » sont bâties sur des prémisses erronées, cela ne peut que mener à des conclusions erronées, et le plus de conclusions sont tirées dans cette direction sans être en mesure de remettre les prémisses originelles en question, le plus dissonant et absurde le résultat en devient, ce qui mène, entre-autres (spoiler alert !) AG à nous présenter apparemment comme argent comptant la conclusion ubuesque de PE : « ...il serait inadéquat de penser la sexualité humaine comme un moyen d’obtenir de l’orgasme. ». J'y reviendrai plus tard.
Une autre remarque qui me semble assez pertinente ici—et qui est un aspect important de la nature et du déroulement du site sur lequel vous vous trouvez actuellement—est de se poser la question de savoir où une quelconque personne qui s'occupe d'un thème donné—et plus la personne en question se trouve dans une position d'influencer d'autres personnes de par leur « savoir »—en est elle-même vis-à-vis de ce sujet, en ce qui concerne ses connaissances et sa vie concrète.
Cette remarque est directement liée à une autre, abordée dès le troisième paragraphe de la présente, à savoir la question de l'objectivité.
Concrètement, il s'agit de savoir ce qui rend une personne qualifiée pour débattre d'un sujet donné.
Un commentateur sportif, disons de cyclisme (j'écris ceci en juin, ça doit être l'époque du Tour de France) est souvent un ancien cycliste qui sait de quoi il s'agit pour l'avoir pratiqué soi-même. De la même façon, ce sont en général d'anciens boxeurs qui entraînent les jeunes générations de donneurs de gnons (pas que je sois fervent de sports violents, soit dit en passant), etc.
Dit de façon très directe, il serait très intéressant de savoir à quoi ressemble la vie sexuelle de tout ce beau monde, de Lévi-Strauss à PE en passant par tous les « experts » impliqués dans ce récit, et, enfin et surtout, AG ! Pas leur vie sexuelle dans ses détails intimes, plutôt les prémisses qui les guident.
Il me semble qu'une personne qui conclut que « ...il serait inadéquat de penser la sexualité humaine comme un moyen d’obtenir de l’orgasme. » ne peut être un personne qui a une relation saine à la sexualité !
D'abord, il serait intéressant que PE, une fois qu'il a établi que la sexualité humaine n'est pas un moyen d'obtenir de l'orgasme, nous indique au moins ce qui l'est, car sinon, devons-nous lui faire confiance seulement parce qu'il est un anthropologue renommé ! Et là, je crois qu'il aurait du mal, car en fait il me semble que son affirmation soit un non-sens sémantique : je n'ai jamais entendu parler du concept d'« orgasme » en-dehors du context de la sexualité, l'avez-vous !
Je n'aurais presque pas besoin de parcourir le reste de l'article en tant de détails, parce que la plupart des conclusions qui transpirent de la « recherche » qu'il rapporte sont clairement basées sur des erreurs de compréhension de la sexualité humaine.
Comme j'en ai fait l'expérience depuis des années dans ma communication avec un ami très porté sur la science et la recherche et l'anthropologie, il semble que les anthropologues parcourent le monde pour examiner la sexualité de diverses tribus et autres cultures pour nous en rapporter des contes à dormir debout nous disant ce qui convient pour l'air du temps—qui voit une très claire guerre contre le sexe prendre son essor (comme je le présente également sur ce site, la violence est devenue bien plus acceptable et bien plus « sexy » dans notre culture que le sexe).
Revenons au fil de l'article, et introduisons quelques idées pas trop connues encore et pour certaines pas populaires du tout, et qui ont pourtant le mérite d'expliquer ce qui se passe—et ne se passe pas—en ce qui concerne la sexualité bien mieux que le babillage des experts.
Quand les anthropologues nous ramènent des descriptions du monde entier (dé)montrant que l'érection n'est pas une bonne chose pour d'une certaine manière nous amener à comprendre la sexualité d'une autre façon, et qu'ils nous expliquent, comme le précise le titre du paragraphe de l'article auquel nous sommes arrivés, ils font tout simplement fausse route, et clairement avec eux tous les « bons sauvages » qu'ils utilisent pour nous faire la morale.
Ils font fausse route car la paire self-control/érection n'est en fait pas ce dont il s'agit. La paire qu'il serait plus intéressant de considérer est la suivante : self-control/éjaculation.
Il n'y a aucun problème avec les érections. Le problème fondamental—et quand vous le considérez, vous pouvez voir à quel point l'article et ce qu'il rapporte se fourvoie—est que depuis 10000 ans, les hommes ont opprimé la sexualité des femmes (ce site est consacré à ce thème, parcourez-le si vous voulez, peut-être avec l'aide de l'index...) et nous vivons depuis ce temps dans une culture où, comme le dit si pertinemment Ismaël Moya, l'important est la jouissance des hommes.
Cela, nous le savons sans-doute déjà toutes et tous (surtout toutes, car les femmes sont celles qui en pâtissent le plus en fin de compte).
Je voudrais proposer les idées mentionnées ci-dessus, et ensuite, nous pourrons lire le reste de l'article avec de nouveaux yeux.
Je voudrais introduire un nouveau mot—il n'existe pas (pas encore), j'ai vérifié sur internet.
Avant de l'introduire, je voudrais mentionner un mot qui existe déjà : phallocratie. Nous savons ce que c'est : c'est en fait le monde qui nous entoure, fait pour et par les hommes, où les femmes ont encore un rôle subalterne—si nous ne nous laissons pas leurrer par les apparences. La phallocratie indique le contrôle par le phallus érigé (c'est ce que le dico en dit concernant l'étymologie grecque, ce qui est assez rigolo, si ce n'était pas si triste, de voir que des cultures vivant sous la coupe de la phallocratie cultivent le zizi mou...), c'est-à-dire le contrôle par les hommes.
Il se trouve que si vous regardez en détails, le problème n'est pas avec le phallus érigé (pas mal de femmes vous diront qu'elles le préfèrent largement au phallus dégonflé dont les Matis apparemment raffolent...), plutôt avec la façon dont il est utilisé.
Le nouveau mot en découle de source : la phallocratie est en fait un sous-ensemble de l'éjaculocratie, un monde centré sur la dépendance (au sens du mot anglais addiction) des hommes vis-à-vis de leurs éjaculations !
L'éjaculocratie est en fait le problème fondamental de l'humanité en ce qui concerne la sexualité.
Il est intéressant de noter qu'alors qu'il existe un antonyme pour phallocratie, gynocratie, il n'y en a pas pour éjaculocratie. Il y a une bonne raison pour cela : l'éjaculation n'a pas de contre-partie chez la femme (ne parlons pas de femmes fontaines, c'est une toute autre chose).
Puisque nous en sommes à essayer de poser de nouveaux jalons, essayez celui-ci : une conséquence de la nécessité d'introduire le concept d'éjaculocratie, est qu'elle nous amène également à porter un nouveau regard sur le viol.
En effet, si nous acceptons l'idée de l'éjaculocratie, il en découle simplement que la cause principale du viol n'est autre que l'éjaculocratie.
Choquant, non. Pensez-y en vous imaginant une société où les hommes auraient compris que l'éjaculation, loin d'être leur meilleure amie, est en fait leur pire ennemie (ennemie même de leur plaisir, plus sur cela plus loin). Le viol n'existerait simplement pas, car l'idée en serait totalement absurde !
Attends une minute, j'te suis plus ! Tu me dis que je ne devrais plus avoir d'éjaculations, t'es cinglé ou quoi.
C'est ici que vient la partie intéressante que divers spécialistes du sexe et autres anthropologues pourraient considérer un instant : une homme qui apprend à se passer d'éjaculations en arrive à pouvoir avoir beaucoup, beaucoup plus de jouissance dans la sexualité, et en donner bien plus à sa partenaire.
Alors oui, maintenant nous pouvons regarder la suite de l'article qui nous rapporte un « savoir » issu d'une culture qui est si ignorante sur un sujet si fondamental que le sexe qu'elle finit par conclure que la sexualité n'est pas un moyen d'obtenir des orgasmes !
J'espère que vous avez remarqué que cette fois-ci j'ai écrit le mot orgasme au pluriel. Ah oui, parce qu'il faut vous dire que le concept d'orgasme au singulier n'est qu'un autre effet secondaire de l'éjaculocratie : en effet, tout homme—et toute femme, j'en ai bien peur—sait bien qu'une homme ne peut avoir qu'une éjaculation à la fois, généralement parlant (et « généralement parlant » devient de plus en plus universel avec l'âge), ce qui fait que le concept d'orgasme est le plus souvent « décliné » au singulier.
Un autre aspect intéressant très visible dans l'article : il est clair que les concepts d'orgasme d'une part et d'éjaculation d'autre part y sont considérés comme synonymes en ce qui concerne les hommes.
Un fascicule qui ne connait de toute évidence pas cette différence et ses implication ne peut que faire fausse route, et l'article qui en rend compte ne peut que propager cette ignorance et la cautionner si la personne qui l'écrit est également ignorante de ce fait.
Pourtant—et c'est le fondement d'une évolution possible de la sexualité masculine vers quelque chose de bien plus portant—l'orgasme et l'éjaculation sont deux choses différentes, qui peuvent donc être séparées, le premier étant souhaitable, la deuxième étant une limitation de notre potentiel sexuel.
Si vous croyez en cette possibilité de séparation de l'orgasme et de l'éjaculation—pour moi ce n'est pas une question d'y croire, c'est une réalité—alors soudain les pauvres Matis qui s'efforcent de ne pas bander semblent assez piètres !
Bander est après-tout tout à fait naturel, fondamental même pour la survie de l'espèce (si vous avez essayé d'introduire un pénis mou dans un vagin, c'est du sport que Darwin aurait considéré comme une voie sans issue !
Nous sommes, presque, sortis de l'emprise de l'église avec sa moralité anti-sexuelle douteuse, allons-nous retomber sous celle des Matis parce que des anthropologues ignorants de certains faits physiologico-culturels essayent de nous montrer que c'est la voie du futur !
D'essayer de ne pas bander doit en plus être très malsain, il me semble.
Puis nous en venons à un autre volet très important de ce voyage-chez-les-autres-afin-d'en-observer-la-sexualité, et là, j'amalgame le reste de l'article, sous le titre du combat entre les sexes.
Là aussi, la « lecture » des anthropologues me semble assez lacunaire parce qu'elle est encore basée sur leur manque sinon de compréhension du moins de prise en compte du fait que les femmes ont eu à être en guerre contre les hommes depuis 10000 ans au cours desquels leur sexualité a été quasiment détruite, au mieux réduite au plus petit dénominateur commun de la pauvre sexualité masculine, tant que cette dernière est orchestrée par l'éjaculocratie.
Le mari qui « explique » que nous ne « sommes pas des animaux » est très peu conscient du fait qu'en fait les hommes se comportent précisement comme des animaux depuis longtemps vis-à-vis des femmes. Ils ne peuvent pas le voir car c'est ainsi qu'ils ont été éduqués depuis belle lurette.
Pour moi, la traduction de « Nous ne sommes pas des animaux » n'est nullement « Nous savons nous contrôler. » !
Tout comme le concept de phallocratie s'arrête un pas en dessous de la réalité vis-à-vis de l'éjaculocratie, la traduction de la phrase du mari en question s'arrête un pas en dessous de la vérité vis-à-vis d'une sexualité honorable et digne (je suppose ici que pour le mari, la distinction d'avec les animaux est une question d'honneur ou de dignité) : si les hommes savaient qu'ils pourraient se contrôler d'une autre façon—c'est-à-dire en refrénant leur envie d'éjaculer à tout bout de champ—ils n'auraient plus « besoin » de continuer à contrôler les femmes et leur jouissance comme ils le font.
Les femmes semblent par contre être très claires sur ce qu'elles veulent. En effet, elles ne demandent pas des phallus dégonflés, elles veulent se faire baiser, et si on le leur demandait, elles pourraient dire que puisqu'il n'y a aucune limitation physiologique à leur capacité de jouissance autre que la fatigue physique, elles voudraient même bien se faire baiser le plus possible.
En effet, n'oublions pas que c'est un fait physiologique parlant : un femme est construite pour pouvoir jouir ad infinitum.
Comment se fait-il donc que ce sur quoi les anthropologues mettent l'accent sont les tentatives de limitation de la jouissance ?
Sans-doute parce que d'une part—d'après ce que je peux voir de l'articles—les anthropologues en question ici sont des hommes, et en cela plus susceptibles de ne pas être sensibles aux besoins oppressés des femmes, et d'autre-part—et ce n'est qu'une autre facette de la même chose—les hommes ayant une capacité de jouissance plutôt limitée comparée à celle des femmes (et ceci n'est valable, rappelons-le, que dans le cadre de l'éjaculocratie, car un homme qui s'est libéré de son joug peut avoir bien plus de plaisir sexuel), et parce que la jouissance des hommes est justifiée dans le cadre de la procréation (un homme doit éjaculer pour assurer sa descendance tandis qu'une femme n'a pas besoin d'avoir d'orgasme pour se faire engrosser), les tentatives de justification de l'inutilité de l'orgasme sont en fait dirigées contre les femmes et seulement contre elles en définitive !
La réponse est donc encore et toujours que les anthropologues portent avec eux quand ils observent les autochtones distants leur propre aveuglement concernant ce que la sexualité pourrait être dans un monde—mon dieu, tout à fait hypothétique et utopique—où les femmes seraient libérées de la servitude de l'éjaculocratie !
L'article ne peut que se retrouver coincé avec des contradictions internes plutôt fortes et menant à des conclusions tout aussi absurdes :
D'une part on pontifie que la sexualité n'est en définitive pas un moyen d'avoir des orgasmes, et d'une autre on nous décrit que les femmes du Sénégal—au sujet desquelles on nous indique la statistique impressionnante disant que 97% d'entre-elles connaissent l'orgasme, pour aussitôt semer le doute sur sa validité—indiquent clairement ce qu'elles veulent, c'est-à-dire se faire baiser—et si ce n'est pas pour avoir des orgasmes, pour quoi faire !
Il est assez pathétique de voir à quoi les femmes sénégalaises sont réduites pour obtenir la satisfaction de leurs désirs tout à fait naturels : elles doivent adopter des méthodes principalement mâles centrées sur la guerre et un vocabulaire qui ne me ferait pas bander, tel que le « ce soir, t'es mort » (à se demander s'il n'y a pas là une triste note ironique puisque les femmes savent pertinemment bien que l'homme sera « mort » bien avant qu'elles aient pu éprouver une fraction de la jouissance que leur corps pourrait leur permettre).
Il y a également la litanie éternelle des moyens aphrodisiaques que les hommes utilisent pour être en mesure de rencontrer bobonne dans le « combat » nocturne !
Là aussi, il y a une explication, et surtout une alternative, très simple si nous prenons l'éjaculocratie en compte : les éjaculations répétées auxquelles les hommes se soumettent sont la cause principale de leur impotence croissante avec l'âge, ni plus ni moins.
Un homme qui apprend à se passer d'éjaculations peut, en plus d'éprouver plus de plaisir—car une pratique sexuelle excluant l'éjaculation mène peu à peu l'homme à pouvoir avoir des orgasmes multiples, en fait presque autant que la femme, ce qui donne un autre sens à un autre poncif de la sexualité : jouissons ensemble—recouvrer une vitalité sexuelle sans avoir recours à des remèdes à l'efficacité plus ou moins douteuse de toute façon, et qui dans le monde occidental ne font qu'enrichir les conglomérats pharmaceutiques.
Quelle comique impression de lire une grande conclusion vers la fin de l'article : « … conduit plutôt à se demander si la centralité de l’orgasme dans notre conception de la sexualité n’entraîne pas une forme de myopie analytique. »
J'ai bien peur qu'Ismaël Moya se fourre le doigt dans le nez quand il suggère qu'il serait peut-être temps de se demander à quoi ser le sexe, non pas parce qu'il se le demande, plutôt parce qu'il se le demande dans un tel contexte d'ignorance concernant certains faits physiologiques et historiques concernant les femmes tout autant que les hommes.
Et pourtant, si nous remplaçons le mot « orgasme » par le mot « éjaculation », l'affirmation est précisément de quoi il s'agit et elle prend toute sa force !
Oui, il s'agit bien d'une myopie sinon analytique (ce mot ne m'aide pas trop, je dois l'avouer) du moins culturelle !
Ceci montre également à quel point la culture sexuelle mondiale a besoin d'intégrer le mot « éjaculocratie » et ses conséquences dans son vocabulaire de tous les jours, du moins dans la chambre à coucher !
P.S.
Ah oui, j'avais évoqué l'image des voitures dont on devrait changer l'huile de temps en temps, au risque de voir le moteur brûler.
Il en est de même du corps des hommes : l'éjaculation est une practice délétère qui ne devrait avoir lieu que dans le cadre de la procréation. Toute autre utilisation du sperme, interne ou externe, est une perte d'énergie inutile tout autant pour les femmes que pour les hommes.
L'expérience des hommes qui ont franchi le pas, et j'en suis, est éloquente : j'aurai bientôt 62 ans et je fais l'amour de deux à trois fois par jour, avec un nombre phénoménal d'orgasmes à la clé (et mes partenaires en ont encore plus). Tout le monde y trouve son compte et j'aimerais bien voir comment les anthropologues pourraient me convaincre du fait que la sexualité humaine n'est pas un moyen d'obtenir des orgasmes !!!
Ci-dessous vous trouverez le contenu de
l'article commenté ci-dessus...
Le sexe sert-il à jouir ou prouver qu'on est homme
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Le sexe sert-il à jouir ou… prouver qu'on est homme?
Libération
AGNÈS GIARD 5 JUIN 2017
Illustration de Pigo Lin : The Goddess. www.pigolin.com
«Philippe, dans ton pays, quand tu fais l’amour aux femmes nawa (blanches), est-ce qu’elles crient kwa kwa kwa, elles aussi, comme les nôtres ?». Le jour on lui pose cette question, en pleine jungle d’Amazonie, l’anthropologue Philippe Erikson tombe des nues. Kwa kwa ?
Intitulé «Jouir ?», le nouveau numéro de la revue d’anthropologie Terrainporte sur l’orgasme qu’il «décline à l’interrogative, en observant les manières variées de le penser, le simuler, le susciter ou de s’en détourner dans différentes sociétés.» Dès le premier article, le décor est planté. L’anthropologue Philippe Erikson raconte dans quelles circonstances il a appris que le cri de jouissance féminin, chez les indiens Matis, est l’équivalent… d’un cri de douleur. «Kwa, kwa, kwa», usuellement, se traduit «aie aie aie» ou «ouille, ouille, ouille», dit-il. Aussi quelle surprise le jour où il comprend que le «kwa kwa kwa des Matis ne marquait pas simplement la souffrance mais, plus globalement, le fait d’éprouver une sensation corporelle intense et brusque.»
Que déduire d’une telle découverte ? Pas grand chose, en soi. Ce qu’en termes savants (et non sans un brin d’humour) Philippe Erikson nomme les «interjections égophoriques» ou «endopathiques» (1) ont beau être différentes, ce n’est pas à partir de ces trop maigres éléments qu’il est possible de comprendre comment on jouit chez les Matis, par comparaison avec les Jivaros, par exemple ou même avec les Nawa (les blancs). Au Japon, l’orgasme se dit «J’y vais» (iku), en Grande Bretagne «Je viens» (I come), à Taiwan « Agréable » (shûfû), aux Pays Bas «Délicieux» (lekker), en Espagne «C’est bon » (que rico), en France «Oh oui». Et alors ? Alors rien. C’est la raison pour laquelle le nouveau numéro de Terrain pèse lourd : 228 pages. Il n’en fallait pas moins pour brosser la diversité des pratiques, des usages et des représentations en matière de jouissance. Dans l’espace et dans le temps, bien que le corps humain ne change pas (une tête, un tronc, quatre membres… dix trous ?), il serait inadéquat, voire impertinent, de penser que la jouissance soit construite de la même manière. Il ne s’agit pas de nier, bien sûr, que les processus physiologiques soient les mêmes, mais. La sexualité, comme toutes les autres activités (manger, marcher, aimer, souffrir), se construit, se vit et s’exprime culturellement, suivant des logiques variables dont la revue Terrain s’attache, dans son numéro 67, à étudier les nuances.
L’humain nu ou, plutôt, vêtu… de self-control : pas d’érection, jamais
Prenons le cas des Matis, par exemple. Bien qu’ils abordent sans faux-fuyants la question sexuelle, allant jusqu’à parler explicitement des paresseux qu’ils apprivoisent et dont ils usent comme partenaires, il serait erroné de les croire «libres» : gare au «stéréotype d’Amérindiens égrillards s’égayant joyeusement dans une nature aussi luxuriante que lascive dont ils feraient intrinsèquement partie.» De fait, les indiens sont «pudiques» explique Philippe Erikson, c’est-à-dire, plus précisément, qu’ils contrôlent strictement leur corps au point que «les jeux amoureux auxquels les couples se livrent si volontiers et si publiquement», pour audacieux qu’ils soient, ne s’accompagnent JAMAIS d’aucune érection. Lévi-Strauss le note ainsi : il n’a jamais vu ne serait-ce qu’«un début d’érection». Pierre Clastres, autre spécialiste de l’Amazone, confirme en termes similaires : «En près d’un an parmi les Aché, je n’ai jamais vu d’érection». La nudité «n’est [donc] pas incompatible avec un souci scrupuleux de la pudeur», commente Philippe Erikson, qui précise : cette pudeur consiste à cacher les muqueuses. La vulve doit rester close. Le gland ne doit JAMAIS être décalotté. C’est d’ailleurs à se demander si l’absence de vêtement ne force pas les indiens à exercer sur eux-mêmes un contrôle corporel tel qu’ils sont capables de résister même aux stimuli les plus vifs. De fait… il est courant de voir «deux hommes tendrement enlacés en public, dans un hamac, ou vautrés dans le sable, se livrant à des caresses relativement osées» sans qu’aucun deux ne bande.
Sexualité ou combat ? «Le premier de nous deux qui jouira»
Ces jeunes gens qui se tripotent le sexe sont des beaux-frères, c’est-à-dire des rivaux en amour. Philippe Erikson voit dans leurs échanges une forme ritualisée de duel : loin de se procurer du plaisir, ces garçons se mettent au défi de rester stoïquement flasque. S’ils n’y parviennent pas, ils s’efforceront en tout cas de bloquer l’éjaculation. C’est à qui provoquera l’autre de la façon la plus lascive. Le combat n’a qu’un but : tester ses «capacités de résistances». Autrement dit : serrer les dents, ne pas perdre la face. Soulignant le paradoxe apparent de ces jeux destinés à «déjouir » plus qu’à jouir, Philippe Erikson insiste sur le caractère hautement «cérémonialisé» de ces épreuves de force. Certains visiteurs étrangers ont d’ailleurs parfois droit à ces palpations-plaisanteries. On attrape leur pénis à travers le pantalon. «La victime, stoïque et consentante, est tenue de se laisser faire, mais sans atteindre l’orgasme, sous peine d’une requalification infâmante». Ce genre de jeu –qui vise peut-être aussi à déjouer les «pièges de l’affinité» entre hommes– n’est pas sans évoquer les duels qui opposent les épouses aux maris à Dakar. Ismaël Moya (anthropologue à Paris Nanterre) cite ainsi une femme de 48 ans : «Le matin, quand mon mari se réveille, je lui tapote le pénis puis je lui dis, en faisant comme ça [l’index pointé vers son sexe, menaçant], “ce soir, t’es mort”. Ici, les femmes doivent savoir provoquer leur mari. Tu fais ça dès le matin et, toute la journée, quand il sera au travail, il ne pensera qu’à toi et à ce qui l’attend. Il saura que ce soir, c’est le grand combat. Et la nuit venue, il sait que je vais le clouer.»
En wolof, la lutte sénégalaise est la métaphore de la sexualité
Ismaël Moya décrit ainsi le processus : «La sexualité ordinaire des couples mariés suit un schéma identique. Le léewtoo, autrement dit les préliminaires, débute le matin, voire plusieurs jours avant, par les provocations (cokkaas) de l’épouse, et se poursuit dès le retour du mari à la maison, tout au long de la soirée. L’acte sexuel, quant à lui, est l’affaire de quelques dizaines de minutes. Passer à l’acte sans ces préliminaires inspire plus de dégoût que d’excitation.» Un mari lui explique : «Nous ne sommes pas des animaux.» Traduction : nous savons nous contrôler. La sexualité, ne serait-elle finalement, qu’une histoire de contrôle corporel ? Ismaël note avec malice que ce combat conjugal oppose des femmes actives à des hommes passifs qu’elles mettent en demeure de bander. Leur arsenal de séduction, dont Ismaël livre un aperçu déroutant (photos à l’appui), comprend des encens fait maison, des parfums de corps et des parfums de chambre macérés parfois pendant des mois, aux noms évocateurs. «Autrefois, ils s’appelaient Nemmali (“achever de tuer”) ou Doggali(“fermer les yeux du défunt”).» Maintenant : Dadjima (“défonce-moi”), Kumay Teul (“fais-moi rebondir ”), Naif (“cravacher”), Tojj Xuur (“écrase-testicule”), Sauce u Kani (“sauce pimentée”), etc. Les épouses disposent aussi d’une batterie de dessous tintinnabulants et de ceintures-bijoux appelés «perles de hanche» ornés d’injonctions explicites –«Baise-moi», «Pénètre-moi», «MMKONE» («madame connaît»), «Fais-moi jouir»–, dont le ton comminatoire tient presque l’ultimatum : vas-y, prouve que tu es un homme.
Les hommes mis au pied… du lit
«Des statistiques datant de 2008 circulent dans la presse du Sénégal et de l’étranger : 97% des femmes au Sénégal connaissent l’orgasme.». Faut-il s’y fier ? «Hélas, comme souvent, l’anthropologie ne peut que décevoir, se moque Ismaël Moya. Il s’agit de “belles paroles” (wax bu rafet). […] Le plaisir féminin reste secondaire ; c’est celui de l’homme qui est fondamental. […] On peut toutefois se demander si, dans ce contexte, la position des hommes est si favorable qu’il n’y paraît. Si l’arsenal érotique des femmes est impressionnant et que la course aux armements fait rage, la gamme des produits luttant contre les dysfonctionnements sexuels est tout aussi fournie.» Sommés d’avoir la trique, les hommes consomment une énorme quantité de produits dopants : «coup démarreur», sirop Bazooka du Nigeria, Ajanta’s Stamina indien, Men’s Coffee erection of the penis 100 chinois, pilules Atomix «au gingembre», etc. «La perspective du “grand combat” semble susciter bien des angoisses…», conclue Ismaël Moya qui suggère une hypothèse : et si tout ce branle-bas avait «d’autres effets que d’extraire un orgasme aux hommes» ? Le plaisir, bien qu’il soit situé au coeur du dispositif, n’est en effet ni le but, ni l’aboutissement de l’activité sexuelle qui semble, bien plutôt, servir des intérêts d’ordre stratégique : elle «confère à l’épouse une capacité d’agir, c’est-à-dire une forme de maîtrise sur son mari.» Sous-tendue par des rapports de force qui jouent à de multiples niveaux, cette activité elle-même ne se limite pas à l’étreinte mais englobe la préparation des encens, le défi, les «belles paroles» et l’argent du mari, offert en cadeau le lendemain soir. Tout comme Philippe Erikson le notait avec les indiens Matis, dont les interactions sexuelles n’ont pas pour but de jouir, mais de prouver sa valeur en société, il serait inadéquat de penser la sexualité humaine comme un moyen d’obtenir de l’orgasme.
C’est tout l’intérêt de la revue Terrain qui, au travers de multiples exemples (l’industrie des sextoys au Japon, la danse-frottis aux Etats-Unis, la chasse amoureuse dans les Dolomites, les cyber-extases virtuelles, les spasmes de sainte mystique, etc) «conduit plutôt à se demander si la centralité de l’orgasme dans notre conception de la sexualité n’entraîne pas une forme de myopie analytique.» Comme le suggère Ismaël Moya, il serait peut-être temps de se demander à quoi sert le sexe, au-delà de nous faire crier «kwa kwa kwa» ou «oui, c’est bon».
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